Colloque : « Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire : approches croisées en histoire et en anthropologie »
« La solution sanglante de la crise, l’effort tendant à l’anéantissement des forces ennemies, est le fils légitime de la guerre ». Les conclusions de Clausewitz résumées dans la formule de la « guerre absolue » constituent bel et bien une invitation à penser en amont la question de la « brutalisation » de la guerre dans sa diversité et sa complexité.
Cette piste est explorée depuis quelques années par des historiens des XVIIIe et XIXe siècles dans une approche culturelle. Corroborant la réflexion empirique de nombreux praticiens des War Studies, les travaux de François Furet et de Patrice Gueniffey sur l’originalité de la nature et de la manifestation de la violence politique à partir du moment révolutionnaire français invitent en creux à une relecture du phénomène guerrier au XIXème siècle et à penser la violence au combat ou autour du métier des armes. Les travaux de Jean-Yves Guiomar (définissant la guerre totale comme « celle qui met en mouvement des masse de combattants jamais vues auparavant, animés par la volonté de vaincre jusqu’à la destruction complète de l’ennemi ») ainsi que ceux de l’Américain David Bell concourent à l’idée que la Révolution française marque une rupture avec la guerre réglée d’Ancien Régime.
Dans ce colloque intitulé « Combattre, souffrir, mourir dans les guerres de la Révolution et de l’Empire », nous souhaitons participer au renouvellement de ce débat par une approche d’anthropologie historique de la guerre centrée sur la période 1789-1815. La violence sous toutes ses formes sera d’abord l’objet d’une interrogation d’ordre chronologique. Elle sera abordée sous l’angle de la souffrance, tant physique que psychique, des combattants. Est-il pertinent de concevoir la période comme un moment particulier dans les évolutions de la violence ? Quelles évolutions observent en termes de blessures ? Peut-on articuler ces violences nouvelles à une montée en puissance de l’ « idéologisation » de la guerre ?
Nous souhaitons inscrire ce colloque dans une perspective d’ouverture disciplinaire et d’échange de perspectives entre historiens et anthropologues. Nous insisterons en particulier sur :
Les problématiques soulevées par les « retours » du combat (retour de la campagne de Russie …) tout comme les souffrances des prisonniers, des civils et plus largement le sort des vaincus sont autant de thèmes inclus dans le périmètre du colloque.
De même nous souhaitons prendre en compte les blessures physiques comme les blessures psychiques.
Nous souhaitons insister également sur des temporalités différentes d’apparition et de gestion des blessures et traumatismes (au combat, soins d’urgence, soins de suite, convalescence, retour à la vie civile, morts). Dans cette perspective l’enjeu des évacuations est central. Il est consubstantiellement lié à la qualité de la prise en charge médicale.
Au-delà de ces réflexions autour du moment du combat, il serait précieux de s’interroger sur les modalités d’élaboration, de circulation et de réception d’un savoir médical qui fait se chevaucher médecine militaire et médecine civile.
Si la période 1792-1815 est au centre de la réflexion, des temporalités plus longues pourront être convoquées selon la pertinence du sujet. Nous souhaitons inclure toutes les guerres en France, en Europe ou encore outre-mer à partir de l’instant où elles sont liées à la dynamique révolutionnaire (Saint-Domingue, l’Egypte).
Dates : Du jeudi 27 avril 2017 au vendredi 28 avril 2017
Lieu : Marseille, Faculté de la Timone, amphithéâtre Grisoli (aile verte)