Rencontre autour des nouvelles approches de l’archéologie funéraire

Rencontre autour de nouvelles approches de l’archéologie funéraire

Du vendredi 04 avril au samedi 05 avril 2014
Auditorium de l'INHA - Paris

Ouverture de la Rencontre avec Bruno Bizot, Matthieu Gaultier et Solenn de Larminat.

Ouverture de la Rencontre avec Bruno Bizot, Matthieu Gaultier et Solenn de Larminat.

À la suite de ses précédentes Rencontres, le Groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire a souhaité poursuivre son tour d’horizon des approches qui caractérisent actuellement la recherche en archéologie funéraire. Ces « nouvelles approches » se définissent tant du point de vue des problématiques que des méthodes mises en œuvre pour y répondre. À travers les spécificités de chaque thème abordé, les différentes sessions proposées ont discuté des nouveaux questionnements autour des vestiges funéraires et des méthodologies nouvelles qui les ont motivés ou qu’ils motivent eux-mêmes.

Depuis maintenant plusieurs années, les acteurs de l’archéologie funéraire recourent de plus en plus régulièrement à de nouveaux spécialistes (botanistes, chimistes, géochimistes, généticiens, entomologues…). Les résultats obtenus éclairent le fait funéraire avec toujours plus de précisions et permettent un renouvellement constant des problématiques. Les archéosciences apportent aussi leurs propres thématiques et nécessitent la mise en place de protocoles de terrain spécifiques.

Si les études des bio-restes macro- et microscopiques deviennent de plus en plus courantes, celles du matériel et des superstructures que l’on pourrait qualifier de « classiques » (squelettes humains, faune, mobilier, structures…) se poursuivent tout en se renouvelant grâce aux nouvelles données de terrain qui complètent, vérifient ou contredisent notre restitution du fait funéraire. Ces études, par de nouveaux angles d’approches, de nouvelles méthodologies, ou encore en les confrontant avec les résultats issus des nouvelles disciplines, continuent d’enrichir les problématiques archéologiques funéraires.

Session 1 – Archéosciences et archéologie funéraire : nouvelles approches

Petites fables archéoentomologiques avec Jean-Bernard Huchet.

Petites fables archéoentomologiques avec Jean-Bernard Huchet.

Depuis plusieurs décennies, l’archéothanatologie fait ponctuellement appel à de nombreuses disciplines d’analyse, souvent empruntées aux sciences de la vie et de la Terre, aux sciences de l’Univers et aux sciences médicales et judiciaires : méthodes de datation absolue, archéobotanique (palynologie, anthracologie, carpologie, xylologie, analyse phytolithique), chimie analytique et géochimie isotopique, entomologie, toxicologie etc. Longtemps considérées comme des sciences « annexes », puis « connexes » ou « auxiliaires », ces archéosciences s’affirment aujourd’hui en tant que véritables disciplines archéologiques. Leurs spécialistes prennent part aux programmes de recherche, ils contribuent activement à la construction et à la résolution des problématiques actuelles et proposent de nouveaux questionnements.

Cette session s’est interrogée sur les questions suivantes :

  • Quelles-sont les méthodes analytiques actuelles pour la caractérisation des vestiges funéraires ?
  • Quelles problématiques émergent de cet apport de données nouvelles ?

Les présentations ont apporté des éléments de réponse en présentant des travaux de synthèse ou des études de cas de toutes périodes analysant des échantillons issus de la fouille de sépultures, et visant en premier lieu à la reconstitution des pratiques mortuaires. Elles ont eu, en filigrane, une visée pédagogique et méthodologique à destination de tous les acteurs de l’archéologie de la mort.

Session 2 – L’étude des crémations : nouvelles approches

Promenade funéraire à Pompéi avec Henri Duday.

Promenade funéraire à Pompéi avec Henri Duday.

Depuis plus d’une dizaine d’années, de nouvelles méthodes d’études des crémations se sont développées, tant sur le terrain, qu’en laboratoire. Les résultats obtenus montrent la diversité des gestes liés à ce type de sépultures et entraînent de nombreuses questions sur la fonction et la définition des structures découvertes. Si la nature secondaire de la sépulture peut paraître évidente pour les os brûlés déposés dans des réceptacles en céramique, en plomb ou en verre, elle l’est moins lorsque les ossements sont dans une fosse : s’agit-il d’un bûcher en fosse ou d’une tombe bûcher ? S’agit-il d’un emplacement où une ou plusieurs crémations ont été réalisées avant le prélèvement des ossements pour un dépôt secondaire ou s’agit-il d’une sépulture définitive ? Comment doit-on définir une zone de bûcher signalée durablement au sol où furent prélevés une importante partie des ossements du défunt ?

Débat brûlant animé par Isabelle Le Goff et Yves Gleize.

Débat brûlant animé par Isabelle Le Goff et Yves Gleize.

Les nouvelles disciplines de l’archéologie ouvrent de nombreux champs de recherche. Par exemple, si l’analyse des charbons permet d’identifier les essences sélectionnées, elle permet également d’aborder des questions relatives à la gestion et à l’approvisionnement du bois en milieu urbain et rural, aux choix spécifiques d’essences en fonction des rites, des individus ou de la structure du bûcher… Les études ethnographiques sur les crémations actuelles ouvrent également de nombreuses pistes de réflexions sur les pratiques crématoires protohistoriques et antiques.

Les communications proposées ont apporté des éléments de réponse 1/ en s’interrogeant sur la fonction et la définition des différentes structures funéraires liées à la pratique de la crémation, 2/ en exposant les méthodes de fouilles mises en place sur le terrain et leur adaptation en fonction des structures et des problématiques, 3/ en présentant les méthodes d’analyses post-fouilles des données en critiquant les résultats obtenus, 4/ et en témoignant de l’apport des nouvelles disciplines à l’étude des crémations.

Session 3 – Le petit mobilier funéraire des VIIIe-XXe s. en France : nouvelles chronologies, renouveau du questionnement

Jean Soulat et Alexis Corrochano à la recherche du "petit mobilier".

Jean Soulat et Alexis Corrochano à la recherche du « petit mobilier ».

Le petit mobilier funéraire rassemble généralement les accessoires vestimentaires (éléments de parure et garnitures de ceinture), l’armement, les monnaies et les objets de la vie quotidienne (outillage, quincaillerie, éléments de serrurerie, peignes, amulettes, silex, etc.) excluant tous les récipients (céramiques, verreries, etc.). À ce titre, il fait partie des grands marqueurs chrono-culturels dont l’enjeu pour les archéologues remonte aux origines de la discipline. Pour les périodes historiques, on considère habituellement que la fin de la période mérovingienne marque la quasi-disparition, voire l’arrêt, des pratiques de port et de dépôt de mobilier dans les tombes. Le retour des objets ne serait marqué qu’à la fin du Moyen Âge et à l’époque Moderne avec les accessoires de piété ou de pèlerinage.

Les discussions se poursuivent dans la galerie Colbert de l'INHA.

Les discussions se poursuivent dans la galerie Colbert de l’INHA.

Un nouveau regard sur les mobiliers, appuyé par l’accroissement des découvertes, semble indiquer que le mobilier est présent à toutes les époques et dans des contextes variés. Cette session a eu pour but de produire de premières synthèses rassemblant plusieurs études de cas sur le petit mobilier dans les contextes funéraires et mortuaires médiévaux, modernes et contemporains afin d’essayer d’analyser et de comprendre le phénomène des dotations funéraires, quelle que soit la période abordée. Plusieurs problématiques ont été au centre des présentations : 1/ la différenciation entre le dépôt d’accompagnement et le mobilier porté, 2/ la fonction de l’objet (usuelle ou d’apparat) comme par exemple l’objet personnel du quotidien, l’objet proprement religieux ou encore l’objet relatif à un métier, etc., 3/ enfin le reflet d’une certaine symbolique par la mise en scène des vivants et voulant parfois évoquer une position sociale particulière, un statut (religieux, militaire, etc.).

Discussion conclusive animée par Cécile Buquet-Marcon et Pascal Sellier.

Discussion conclusive animée par Cécile Buquet-Marcon et Pascal Sellier.

Session 4 – Nouvelles approches de l’archéologie funéraire : actualités

Cette session a permis aux chercheurs travaillant sur toutes périodes confondues de présenter leur actualité en relation avec le thème des nouvelles approches de l’archéologie funéraire : nouvelles méthodes d’analyses des vestiges funéraires, nouvelles problématiques, récentes découvertes qui remettent en question notre image du fait funéraire.

Comité d'organisation : Rémi CorbineauAlexis CorrochanoSolenn de LarminatYves GleizeJean Soulat

Comité scientifique : Valérie BelBruno BizotDominique CastexRémi CorbineauAlexis CorrochanoMichel FeugèreYves GleizeSolenn de LarminatIsabelle Le GoffPhilippe MarinvalPatrick PérinJean Soulat

Partenaires scientifiques, logistiques et financiers : InrapUniversité Paris-SorbonneÉcole doctorale 124 « Histoire de l’Art et Archéologie »Centre Antiquité classique et tardive de l’UMR Orient et Méditerranée (UMR 8167)Centre Camille Jullian (UMR 7299)INHALaboratoire Landarc

Nombre de participants ayant assisté à cette rencontre : 195

Publication

Les actes de cette Rencontre ont été publiés en 2017.

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